“I can remember being about four years old, and my grandmother told me the most awful thing about those birds, the Hadida’s. You know that sound that they make, that screeching scream they make before they laugh, well she told me that every time you hear a Hadida laughing, that that’s because someone just died. I was terrified; I hated those birds. And of course growing up here where they are basically everywhere, you couldn’t go to the store without thinking about people dying cause they were laughing all around you. I thought they were dodgy birds. Of course my grandmother always told me morbid stories like that, she liked to scare us.”
But it wasn’t just one grandmother of one Afrikaner South African girl who told their children that story. It seemed like grandmothers all over the country told that story to the children. Zulu, Khosa, Afrikanar, it didn’t make a difference. One sculptor of garden ornaments we met, who had a large array Hadida’s for sale, told us he had been terrified by the same story when he was a child.
In South Africa, Hadida’s are nearly as numerous as pigeons, and they leap through the fences bordering sidewalks at nearly every turn. And once your heart begins to calm from the surprise of something leaping out in front of you in a country traumatized by violence and often grotesque forms of criminality, the sounds of laughing oscillate through the turbulent flutters of their clumsy wings. The sound of a Hadida is somewhere between a Shakespearean witches cackle, a chocking cat, and the interrupted wails of a newborn baby.
Hadida’s are a form of Ibis. The Ibis one of the two incarnations of Egyptian deity Thoth who in later periods of Pharaonic rule became associated as the god of “death’s judgment”. Ibis’s were sometimes mummified and offered to the god’s to stop plagues from taking more lives.
In South African cities, seeing these birds fly about streets, particularly after hearing their legends, adds a solemn and uncomfortable feeling to an already conflicted place. But in the parks and in the nature outside of the urban-scapes, these birds transform into royal and stunning specimens which walk proudly and discerningly the long grasses, plunging from time to time their long staff-like beaks deep into the somber earth in search of food. A once powerful symbol of Egypt has retired south where the worms, and death, are in great supplies.
« Je me souviens, je devais avoir environ 4 ans quand ma grand-mère me raconta la pire des histoires au sujet de ces oiseaux, les hadidas. Vous savez ce hululement qu’ils émettent avant de ricaner ? Ma grand-mère me disait alors : chaque fois qu’un hadida rigole, quelqu’un vient de mourir. J’étais terrifiée. Je déteste ces oiseaux. Evidemment en grandissant ici dans un pays où ils sont partout, personne ne peut marcher dans la rue sans penser à tous ces gens mourant suite à ces gloussements incessants. Les hadidas sont des oiseaux sordides. Mais bien sûr ma grand-mère me racontait toujours des histoires lugubres comme ça, elle aimait bien nous effrayer…. »
Il ne s’agit pas là d’une seule et unique grand-mère sud-africaine à conter de telles légendes aux enfants, bien au contraire. Etrangement, c’est comme si toutes les aïeules du pays racontaient cette même histoire devenue mythique à leurs petits-enfants. Zoulou, Afrikaans, Xhosa, aucune différence, quelque soit l’origine et le passé du narrateur, le récit reste le même. Inévitablement les petits enfants devenus adultes semblent tous vouer la même haine à cet oiseau de malheur. Un sculpteur exposant une large et diverse collection d’hadidas métalliques explique lui aussi avoir été épouvanté par les récits de sa grand-mère. Et pourtant l’animal semble plaire, dans le cas contraire, qui achèterait un hadida sculpté pour décorer son jardin ?
En Afrique du sud, les hadidas sont aussi nombreux que les pigeons dans les jardins de Paris, ils s’envolent à chaque coin de rue et surgissent des parcs. Les rares moments de sérénité appréciés dans un pays où les formes les plus surprenantes de violence s’expriment quotidiennement sont souvent perturbés par un hadida sorti de l’ombre pour faire sursauter le passant rêveur. Un rire moqueur couvre alors rapidement le bruit lourd d’un envol manquant de grâce. Le ricanement de la bécasse est reconnaissable parmi tous les autres, même une oreille naïve s’étonnerait de cette étrange sonorité. Haa-haa-haa-de-dah entend-on. L’étymologie du terme apparaît comme évidente. L’appel de l’animal se situe quelque part entre le caquètement d’une sorcière Shakespearienne, le miaulement étonné d’un chat et le gazouillis d’un nourrisson ; une curiosité auditive sans égal.
L’oiseau haut perché sur ses fines pattes flexibles ressemble à un ibis. A l’époque mythique où les pharaons régnaient sur l’Egypte, la divinité Thot humanisée sous les traits d’un ibis était chargée d’introduire le défunt devant le tribunal du jugement dernier. Elle portait aussi le précieux papyrus annonçant le résultat de la pesée du cœur. Pour tenter de mettre fin à des épidémies emportant avec elles chaque jour de nombreuses vies, un oiseau momifié était parfois offert au dieu-ibis en guise d’offrande.
Apercevoir ces volatils de malheur aux quatre coins des cités sud-africaines, particulièrement quand l’oreille s’est affinée à l’écoute de ces sombres légendes, ne fait qu’ajouter une once d’inconfort à un environnement encore marqué par un passé conflictuel … Et un sentiment de malaise de flotter dans l’air. Mais, sortis de cet environnement urbain ces oiseaux de mauvaise augure changent d’allure. Tête haute et ailes détendues, ils avancent majestueux et fiers dans les hautes herbes, plongeant de temps à autre leurs longs becs dans un plan d’eau à la recherche de provisions. L’ancienne divinité respectée, l’imposant spécimen symbole d’une Egypte pharaonique a, dans sa migration vers le sud acquis une bien mauvaise réputation mais sans aucun doute trouvé ici en très grand nombre les vers et les cimetières où se rassasier.